Ihn Kyang est né en Corée, à la capitale. Son père était (et est toujours) libraire spécialisé dans les livres anciens et sa mère possédait une petite galerie d’art sans grande prétention, seul moyen qu’elle avait trouvé pour être dans le milieu malgré des talents inexistant dans ce domaine, à son plus grand damne. Bref… Ils étaient jeunes, idéalistes, se sont mariés très tôt et ont eu un enfant tout aussi tôt ! Ce n’est pas pour autant qu’ils n’étaient pas prêts et Ihn Kyang n’a jamais manqué d’amour parental.

Souvent, tout jeune, son père l’emmenait avec lui à la boutique et pour l’occuper, il le posait devant le grand échiquier en bois de son bureau. C’est là qu’Ihn Kyang a sûrement eu sa première morsure alors qu’il était haut comme trois pommes. D’un désire d’apprendre à jouer est née une véritable passion mise en exergue par un talent inné pour ce jeu comme peu de joueur peuvent se vanter d’en avoir eu.

Et c’est donc dans ce climat de jeux d’échecs que grandit Ihn Kyang, suivant un cursus dans une très grande école d’échec en parallèle d’études normales qu’il se voit bien quitter aussi vite que possible pour se consacrer à sa passion. A 12 ans il entre dans l’histoire des jeux d’échecs en étant le plus jeune champion et depuis, malgré quelques défaites, il n’a cessé de grimper au classement jusqu’à atteindre, des années plus tard, les 2800 points au classement Elo. Chiffre atteint avant lui par uniquement six joueurs au monde.

Cette passion est carrément dévorante, isolant un peu l’adolescent qu’il est du reste du monde. Il ne vit plus que par les échecs et tout son temps libre y est consacré. Il s’impose des défis en tout genre et bien que d’un point de vue extérieur on puisse sûrement trouver cette obsession un peu « triste » ou « inquiétante », il en retire pour sa part une extrême satisfaction, devenant cependant un peu agressif dans sa manière de jouer.

C’est lors de la finale du championnat du monde il y a quelques mois qu’Ihn Kyang réalise alors comme il est peut être trop extrême dans son hobby. La partie qu’il mène pour le moment a lieu en Amérique contre un autre champion d’une quarantaine d’années. Il faut savoir qu’aux échecs, le combat est plus physique qu’on ne l’imagine et surtout, évidemment, mental. Il est souvent de bonne guerre d’avoir une petite pique pour son adversaire histoire d’essayer de la déstabiliser un peu… Et peut être qu’Ihn Kyang y va un peu trop fort alors que son adversaire est déjà fragile, cette fois là.

Un peu avant la pause, après presque six heures de jeu, Ihn Kyang « taquine » un peu son adversaire en lui affirmant qu’à sa place, il se tirerait une balle pour être ainsi en position dominée face à un adolescent… Il ne pensait évidemment pas qu’à la reprise, c’était effectivement ce que l’homme ferait. Ihn Kyang revoit encore, sans même avoir à fermer les yeux pour ça, le corps de son adversaire s’écrouler sur l’échiquier en balayant les pièces, son sang se répandant sur le damier blanc et noir… Il sent encore la liquide chaud qui l’avait éclaboussé et se souvient avoir vomit presque à chaque jour pendant près de deux semaines après l’évènement.

Traumatisé, Ihn Kyang s’est refermé sur lui-même dans une chambre d’un hôtel luxueux de Seattle. Il a reprit le nom de jeune fille de sa mère pour ne pas risquer d’être reconnu même si les chances étaient moindre et il n’a depuis lors plus jamais joué en visuel. Il se contente de parties sur son site internet qui, depuis, s’est forcément bien développé. Ihn Kyang y a pour pseudo « Absolem » et n’a pas l’intention de dévoiler sa véritable identité.

Inquiets, ses parents l’ont un peu harcelé pour qu’il revienne en Corée ou bien qu’il sorte prendre l’air et se changer les idées. Un peu lassé par cette attitude, Ihn Kyang s’est payé une place sur le Paradise Place pour une looooongue croisière qu’il espère tranquille ! Et de toute façon, au fond, ses parents ont raisons : ça lui fera sûrement du bien de se reposer de cette manière !