Je suis né à Séoul, dans un hôpital en bordure des quartiers riches. C’est dans un de ces quartiers qu’on m’amena aussitôt et pour cause, mon père est un juge très influent. J’ai des origines françaises de par ma grand-mère maternelle et je les chéris ardemment ! Même si ça ne paraît pas physiquement, ça me donne malgré tout un petit côté unique, selon moi. Eh, ce n’est pas tous les Coréens de ce monde qui parlent français sans l’accent coréen pour les trahir derrière ! Nous allons en France au minimum deux fois par année, soit aux vacances des fêtes et à celles d’été. C’est toujours un grand plaisir pour moi d’aller me perdre dans Paris et de tout découvrir là-bas. J’aime tout de ce pays, même si y déménager me fait peut-être un peu peur ! Être loin de mes parents pour un temps, ça va. Pour toujours, non merci ! On est très attaché à la famille chez nous et je peux me vanter d’être un fils aimé et ce, malgré toutes mes différences.

Ces différences m’ont causé des soucis à l’école, surtout au lycée où j’ai commencé à être à part. Grand, certes... Mais pas viril pour deux sous et j’en suis conscient. J’aime cultiver un look très recherché, mais aussi très féminin et on pense même parfois que je suis une femme. C’est toujours des moments particuliers, parce que je ne cherche pas nécessairement à me faire passer pour un membre de l’autre sexe, non. Je suis heureux d’être un homme et contrairement à ce que les mauvaises langues pourront vous dire, je l’assume entièrement. Toutefois, ces méprises me font seulement rire et je passe rapidement à autre chose. Ce qu’il était difficile de faire adolescent, bien sûr, période de la vie de tous où on désire être comme les autres et, surtout, être accepté. Alors oui, le lycée fut difficile. Malgré son apparente ouverte, la Corée est encore très fermée au sujet de l’homosexualité et forcément, cette appellation me suit partout où je vais.

Si j’en ai que peu souffert en réalité, c’est que le boulot de mon père était à lui seul un rempart contre les coups, les vols, les insultes  directes et même les professeurs. Quoi ? Vous pensez que les enseignants prennent la défense des jeunes homosexuels, chez moi ? Dans quel monde vivez-vous ? Ici, ce n’est pas comme ça.. Pas du tout, même. Mais j’ai fait mon petit bout de chemin sans trop d’encombre même si on me laissait plus souvent qu’à mon tour seul. J’ai appris à me défendre, à me faire des amis malgré tout et, surtout, à m’imposer. J’aime bien dire que j’ai relevé haut la main le défi immense que représente le lycée ! Et puis, il y avait les échecs. J’y jouais constamment. C’est d’ailleurs encore le cas, autant en ligne qu’à harceler les autres membres de l’équipage pour jouer avec moi sur mon petit échiquier portatif !

Je suis massothérapeute fraîchement diplômé et même si mon père m’a gentiment offert de m’aider à ouvrir mon propre cabinet, pour le moment j’ai préféré m’engager sur le Paradise Place. Je veux voir du monde, rencontrer des gens. Je suis heureux dans cette ambiance et même si je vais reposer les pieds sur le sol de ma Corée chérie bientôt, pour le moment j’en profite intensément.