Né dans une famille aimante, la mère de Min Seok était assistante maternelle et son père tenait une petite épicerie prospère dans leur quartier. Il était un enfant désiré et bien rangées dans un carton il possède encore des photos qui remontent à cette époque, des noëls ou des premiers anniversaires. Toutefois, parce que le destin sait parfois se faire traître, Min Seok perd ses parents dans un tragique accident de voiture lorsqu’il a sept ans. Pas la peine de s’apitoyer sur les chauffards, il se trouve que son père était au téléphone au moment du drame et qu’ils ne doivent cet accident qu’à leur propre négligence.

D’abord placé chez sa tante maternelle, cette dernière ne peut plus, rapidement, subvenir à ses besoins. Min Seok est alors placé dans un orphelinat et là encore, il serait inutile de le plaindre. Quoi qu’il existe sans doute de véritables mouroirs à enfants, l’orphelinat catholique Sainte Marie dans lequel il est placé est un centre d’accueil soucieux des enfants qui y vivent et qui, contrairement à ce que son nom pourrait indiquer, n’a rien d’un outil de propagande catholique et d’ailleurs, Min Seok n’a jamais récité la moindre prière.

Enfant déjà trop grand pour satisfaire les demandes des familles cherchant souvent un nouveau-né, Min Seok ne va connaître que des familles d’accueil qui servent essentiellement à désengorger l’orphelinat, par phases de transitions. Des familles tantôt gentille, parfois beaucoup moins… Mais globalement, en dehors de ce ballottement continu, il n’est pas stigmatisé par cette époque un peu trouble.

Elève moyen à l’école, il passe souvent plus de temps à regarder par la fenêtre ou à dessiner dans la marge de ses cahiers qu’à écouter en cours et lorsqu’à seize ans, les premiers assistants sociaux l’encourage à décider vers quoi il veut diriger son avenir, Min Seok se sent un peu perdu. En effet, il a du mal à accepter le fait qu’à seize ans, alors qu’il découvre à peine sa sexualité, que son corps devient à peine celui d’un homme et qu’il n’a pas encore apprit tout ce qu’il avait à savoir à l’école, on lui demande déjà d’être assez mature pour savoir dans quoi il voudrait s’enfermer tout sa vie…

Min Seok choisit alors la seule passion qu’il se connait : la mer. Arrêtant l’école et s’émancipant, il entre dans la marine nationale et effectue son service militaire en s’engageant pour trois ans comme mousse. C’est là qu’il fera le plus gros de son apprentissage maritime et même si ce n’est pas tous les jours facile pour cet ado trop grand et un peu maigrichon qu’il est, il garde de cette expérience des souvenirs assez impérissable. Min Seok parvient même à gravir quelques maigres échelons même si ces trois ans ne lui permettent pas d’accéder à un grade spécialement enviable.

Au terme de ces trois ans, décidant qu’il a besoin de voir autre chose, Min Seok quitte la marine et cherche un emploi « dans sa branche ». C’est comme ça qu’il arrive dans la compagnie de voyage et de croisière qui compte le Paradise Place parmi ses paquebots. D’abord simplement en tant que membre du personnel là encore, officiant sur la passerelle et puis tout doucement, il gravit les échelons, jusqu’à sa toute dernière promotion d’officier de pont dont il est extrêmement fier.

Dans cet intervalle, Min Seok rencontre également Matthew… Sur internet ! C’est via un réseau social traitant d’un groupe de musique qu’ils se rencontrent alors que Matthew n’a que 18 ans et lui 20. Leurs archives de conversation enflent malgré le décalage horaire et de l’innocence des premières conversations naît une attirance réciproque différente qui les fait rapidement flirter de manière plus ouverte. Ce petit manège dure environs un an et les serments deviennent un peu plus pressant… Assez pour que Matthew, sur un coup de tête et ayant en poche son tout frai diplôme de webdesign décide de venir faire le test en venant vivre en Corée.

C’est un carton plein pour leur histoire puisqu’à 19 et 21 ans, ils découvrent que malgré des mœurs différentes, ils s’impliquent tout deux énormément à leur histoire. Le flirt n’en est vite plus un et leur histoire gagne en intensité et en stabilité jusqu’à l’achat d’un appartement six mois plus tard. Pendant deux ans et demi ils vivent ainsi pleinement leur histoire, Matthew travaillant à la maison et Min Seok ne prenant pas des missions de plus de dix jours maximum afin de ne pas nuire à leur relation. Pourtant, un an avant aujourd’hui, un drame familial frape Matthew qui doit repartir au Canada… C’est un peu dur à prendre mais sachant l’importance que ça a d’avoir une famille, Min Seok l’encourage à y aller, lui promettant de l’attendre. Il n’avait cependant pas pensé que ça durerait aussi longtemps…

Heureusement, ses nouvelles responsabilités sont venues avec des augmentations et Min Seok peut payer le loyer de leur appartement sans en rajouter sur les épaules de son amoureux. L’absence s’étire en termes de semaines, puis de mois… Et tournant en rond à en devenir fou, Min Seok décide de s’occuper de manière plus intensive en demandant sa mutation sur le paquebot Paradise Place le temps de sa prochaine longue croisière. Bien que Matthew et lui se parlent à chaque jour sur skype, il espérait faire étape au Canada pour avoir la chance de le voir, ne serait-ce que quelques heures. Leurs espoirs ont été un peu déçu puisque le navire de n’arrête pas au Canada mais qu’à cela ne tienne, ils continuent avec skype et dans chaque ville où Min Seok achète une petite boule à neige, il vient la montrer par webcam à son amoureux en lui parlant de la ville. Incroyable mais après un an à se parler tous les jours longuement sur skype, leur couple trouve encore des tas de choses à se dire !

Ce qu’il reste à espérer c’est que la situation se stabilise… Parce que son amour pour la mer ne remplacera jamais tout à fait celui pour sa moitié…