Je suis né en Australie, malgré l’origine coréenne de mes deux parents. J’ai grandi dans ce pays pendant quinze ans, sans ne jamais manquer de rien. Je suis fils unique, alors j’étais un peu traité comme le petit prince de la famille. J’ai eu une enfance heureuse, malgré que père soit très souvent absent à cause de son travail, diriger une entreprise ce n’était pas de tout repos, surtout quand il devait partir à l’étranger, si bien qu’il n’était pas souvent au domicile familial. Ma mère s’occupait donc de moi toute seule. Cette dernière était vétérinaire dans un zoo, alors elle n’avait pas un emploi du temps trop chargé et pouvait aisément, prendre le temps de s’occuper de moi. D’ailleurs souvent elle m’emmenait sur son lieu de travail et je s’émerveillais devant les kangourous, les tigres, les lions et autres animaux tous aussi beaux et impressionnants les uns que les autres. C’est sûrement grâce au métier de ma mère, que j’aime autant les animaux. Enfin, ce n’est qu’une anecdote, cela ne doit pas beaucoup vous intéresser.


Très tôt, je me suis découvert une passion pour la musique. Pourquoi la musique ? Je ne sais pas trop …  Certains c’est les dessins, la danse, le chant, moi c’est la musique. Je me suis essayé à beaucoup d’instruments, le piano, le violon, la guitare, ect… Et ce depuis mes sept ans. D’après ce que l’on m’a dit, plus je grandissais, plus je me révélais doué dans ce domaine. Plus tard j’ai aussi commencé à suivre des de chant, mais cela n’a pas eu plus d’importance que cela à mes yeux. Franchement je n’ai vraiment pas eu à me plaindre de mon enfance. J’étais heureux et avais tout ce que je pouvais rêver d’avoir. J’étais sûrement un eu trop gâté, mais ce n’est pas important … Je n’ai jamais été très doué à l’école, j’étais studieux seulement quand il s’agissait de chanter et de jouer de la musique. Je n’avais que faire des maths, des sciences, des langues et des cours de coréen que mes parents voulaient absolument que je suive. De toute façon à force de partir en Corée tous les étés, je suis rapidement devenu bilingue anglais-coréen. De plus je n’ai jamais vraiment aimé l’école … Surtout quand je suis entré au collège. J’étais typé asiatique, puisque mes deux parents sont coréens et j’étais souvent la cible des moqueries, d’intimidations. Quand certains ont su que j’étais homosexuel rien ne s’est arrangé. Je détestais aller au collège, sachant pertinemment ce qu’il m’attendait tous les jours. Je n’ai jamais rien dit, parce que je suis plus du genre à me renfermer et endurer seul, plutôt qu’aller embêter les autres et réclamer leur aide. Mes parents n’ont jamais été au courant de tout cela, jusqu’au jour où un professeur les a convoqué …


Je ne sais pas si ma situation au collège les a incités à prendre cette décision ou si c’était vraiment à cause du travail de mon père, mais peu de temps après nous avons déménagé pour la Corée. D’abords Ulsan où je suis resté très peu de temps, juste trois mois. Puis Séoul où nous nous sommes installés définitivement. Ici, je n’avais plus ce problème de différence, donc on ne se moquait plus de moi. Sauf parfois pour mon coréen qui n’était pas parfait, mais beaucoup disaient que mon accent avait quelque chose de mignon … Enfin … Ici, j’aurais pu prendre un nouveau départ, mais le mal était déjà fait. J’ai toujours été quelqu’un de fragile, sous mes airs de gosses de riches trop fier pour se confier à qui que ce soit. Le déménagement ne m’a pas vraiment aidé. Certes en Australie je n’avais pas beaucoup d’amis, mais c’était le pays où je suis né, où j’ai grandis et certaine choses me manquaient. J’ai essayé de mettre cette impression de manque, de côté et de m’habituer à vivre ici. Je suis entré dans un lycée d’art en cursus musique et option chant. Je n’avais pas tout à fait dix-huit ans quand j’ai commencé à avoir quelques problèmes de santé ou plutôt mon état psychologique se répercutait sur ma santé. Ma fragilité passait peut-être inaperçu aux yeux des autres, mais pour moi elle était plus que flagrante. J’étais fils unique, j’ai toujours voulu être parfait pour mes parents, puis quand j’ai grandis, pour les autres. Les intimidations que je subissais en Australie m’ont énormément blessé. En Corée, c’était différent, mais il y avait toujours quelques imbéciles pour se moquer de mon apparence féminine et frêle ou quelques homophobes pour me rappeler que j’étais une erreur de la nature, quelqu’un de dégoûtant pour aimer des personnes du même sexe que moi.


J’essayais de ne pas écouter les mauvaises langues … Je n’étais pas ici pour me laisser couler. J’ai passé plusieurs auditions pour réaliser mon rêve. Celui de vivre de musique. Des auditions dans des agences pour percer dans l’industrie musicale, j’ai aussi postulé pour être parolier/compositeur … Mais rien n’a aboutis et j’ai un peu perdu espoir au fil du temps …


Je ne saurais pas vraiment dire comment c’est arriver. Cela s’est fait petit à petit, mais j’ai aujourd’hui vingt-deux ans et cela fait quatre ans que je suis dégoûté de la nourriture, je ne prends plus aucun plaisir à manger. Pour faire court : cela fait maintenant quatre ans que je suis atteint d’anorexie et que je le cache à tout le monde. Du moins j’essaie … Même si j’ai de plus en plus de mal à cacher. Je ne m’alimente pas suffisamment et je me force parfois à ne rien garder de la nourriture que je mange. Je sais de quoi je souffre, mais j’essaie de l’oublier, car je n’arrive pas à m’en défaire. Je ne serai jamais parfait, j’ai bien compris cela, mais si en apparences je pourrais l’être … Peut-être que me faire autant de mal était une manière de me punir moi-même. Me punir d’être si imparfait, différent … Mes parents n’ont jamais été contre mon homosexualité ou quoique ce soit me concernant, ils me répètent sans cesse être fiers de moi, mais je me suis convaincu du contraire. Maintenant, mon ultime but est de réaliser mon rêve. Leur donner une véritable raison d’être fier. Qu’ils puissent voir en moi autre chose, qu’un fils qui ressemble bien trop à une fille, frêle, fragile et qui aime les hommes.


Pourtant entre temps il y a eu cette annonce pour une croisière. Pour embarquer, ils cherchaient du personnel dans toute sorte de domaine, j’ai tenté ma chance comme pianiste. Toutes mes auditions ont finis à l’eau et malgré ce que je m’infligeais, j’ai saisis cette dernière chance. J’ai été retenu, c’était une petite victoire pour moi. Malgré que rien ne soit réellement arrangé. Je continue de cacher aux autres mon problème, maintenant que c’est ancré en moi, je ne sais pas comment sortir de ce cercle vicieux … J’essaie de reprendre encore un nouveau départ sur ce bateau où je peux vivre de ma passion, même si je n’ai aucune idée de ce qu’il se passera, une fois que cette croisière prendra fin.